Lola

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LE PLIE


I)  PANORAMA

        Dans un demi-plié, on "dit non à la gravité, non à la terre pour aller vers le ciel" en se repoussant du sol. On recherche l'élévation à travers la résistance. Cette volonté d'élévation est l'histoire même du ballet classique du XIXème siècle avec cette volonté d'aller vers le ciel, donc de se rapprocher de dieu comme le montre tous les actes blancs du ballet romantique. 

        Le plié fait partie des fondamentaux de la danse car il constitue le socle de la technique de danse et ce, quelque soit la discipline. Il donne au mouvement le moelleux et la souplesse dont il a besoin. Il doit se travailler en lien avec la respiration, le poids et l'alignement des segments de la jambe. Les articulations doivent être libres. 



Il y a deux types de pliés: Celui de propulsion que l'on utilise en préparation aux sauts et aux pirouettes par exemple (relâcher le plié avant de monter), et celui de réception lors de l'atterrissage d'un saut ou d'un porté (repousser dans la montée). Il est impératif de travailler ces deux qualités de plié dès la première année technique de danse.


II) MÉCANISME DU PLIE 

  Un plié fait appel à une coordination tri-articulaire. En effet, il engage une flexion des 3 articulations de la jambe à savoir la cheville, le genou et la hanche. Son amplitude dépend non seulement de l'angle de flexion de ces articulations mais aussi de la longueur de leurs ligaments. La clé du demi-plié est la voûte plantaire car c'est avec elle que l'on va repousser le sol, verbe fondateur indispensable à la bonne exécution d'un demi-plié. 

Les trois articulations:

1. La hanche: 
=> C'est l'articulation proximale du membre inférieur reliant le fémur au bassin. Elle est librement mobile. C'est un membre appendu à la ceinture pelvienne. Sa stabilité et la puissance de sa musculature sont nécessaires à la station debout et à la marche. La danse demande une grande amplitude des mouvements de la hanche; cependant, celle-ci est souvent enraidit, ce qui retentit sur les régions sus-jacentes (région lombo-pelvienne) ou sous-jacentes (genou et pied). C'est pourquoi il faut connaître le fonctionnement de cette articulation pour la faire travailler de façon isolée. 

2. Le genou:
=> C'est l'articulation intermédiaire du membre inférieur qui a surtout une mobilité importante en flexion/extension, lui permettant de faire varier considérablement la distance du pied au tronc. Sa stabilité, faible du point de vue osseux, est assurée principalement par les systèmes ligamentaires et musculaires. Pris entre les contraintes du pied et de la hanche, il reçoit souvent des répercussions de ces deux régions dans son fonctionnement.

3. La cheville

=> C'est l'articulation qui permet d'allier la plasticité du pied et la puissance des os de la jambe.

Les leviers osseux : 

        Les segments pied-bas de jambe-cuisse se comportent comme un enchaînement de leviers et forment une chaîne articulaire semi-fermée. Cette chaîne n'existe que si plusieurs segments peuvent associer leurs effets de levier pour se plier et/ou se déplier. 
        Dans une flexion ou extension de jambe libre, seul le poids des segments corporels à élever intervient : Il n'y a pas à vaincre la force de pesanteur du corps. S'il s'agit d'une jambe de terre fléchie, les deux segments bas de jambe/cuisse forment un levier articulé dont l'action étend le genou qui est le centre du mouvement : Là s'exerce l'effet du levier inférieur et là prend appui le levier supérieur : les effets se répercutent et s'enchaînent du pied en appui jusqu'à la hanche où s'applique la force développée.

Demi-plié et détente : 

        Dans les demi-pliés, les flexions des genoux et des chevilles sont passives, provoquées et entraînées par les flexions actives des hanches et par le poids du corps. Dans la flexion, les muscles extenseurs en élongation freinent la descente et dans l'extension, ces muscles travailleront davantage de sorte à s'opposer à la résistance du corps et à propulser le centre de gravité vers le haut. Cette extension « hyper-activée » est permise par le demi-plié, et l'ensemble « flexion passive / extension active » forme un seul mécanisme dont les deux phases sont solidaires, le demi-plié amenant le tendu et la détente n'étant possible que grâce à la flexion préalable. 

        Dans un plié, la flexion de la hanche en rotation externe est une flexion abduction car le membre inférieur s'écarte du corps en suivant une diagonale : Il s'éloigne du plan frontal : c'est une flexion, et s'éloigne du plan sagittal : c'est une abduction. 


Les muscles en actions : 

        Au niveau de la hanche : muscles fléchisseurs et abducteurs et rotateurs externes, antagonistes, extenseurs et adducteurs. Au niveau du genou : le quadriceps limite la flexion. Au niveau de la cheville : triceps sural et muscles de la flexion plantaire. 
        Le mécanisme reste le même s'il n'y a pas de rotation externe du fémur, mais alors, il n'y a pas d'abduction de la hanche et seuls interviennent les fléchisseurs de la cuisse sur le bassin. 
        Pendant la flexion, les ressorts pied/bas de jambe/cuisse figurent les lames rigides d'un ressort en zigzag qui se détendront lors de l'extension : Les muscles extenseurs qui travaillent en élongation pour freiner la flexion sont étirés; et, au moment de la détente, cet étirement leur permettra de développer toute leur puissance pour relever le corps ou pour le soulever. 
        Lors de l'extension qui suit, les extenseurs de la cheville et du genou ainsi que les extenseurs et adducteurs de la hanche s'étirent pour mieux agir. Les muscles fléchisseurs sont plus faibles que les extenseurs qui doivent supporter le corps en retenant ou en soutenant les flexions passives du genou et de la cheville et qui doivent lutter contre la force de la pesanteur lors de l'extension. Les principaux extenseurs des segments de la jambe sont les plus puissants muscles du corps : triceps sural, quadriceps crural et grand fessier.

III. LA STABILITÉ DU PLIE

        Donc dans le plié, la jambe est comme un ressort en zigzag : les segments se rapprochent en se pliant. Si la cuisse est dans l'alignement de la jambe et la jambe dans l'alignement du pied, ces segments se replient les uns au dessus des autres dans un même plan vertical concentrant ainsi leur force. 
        Si les segments ne sont pas dans le même alignement, il y aura au moment du repliement des dispersions de forces selon des axes divergents. Or on sait que si on le plie droit, il se détend avec un maximum d'intensité, et si on le plie de travers, il perd de son élasticité et se déforme. 

Les erreurs courantes 

        S'il y a un non respect de l'alignement des trois segments comme une discordance entre l'axe du fémur et du tibia, une mauvaise répartition du poids du corps se fait au niveau de la cavité interne du genou provoquant des tiraillements et des compressions nuisibles aux ménisques et aux ligaments internes. Donc un mauvais plié affaiblit la partie interne du genou. Nous le voyons en observant leur posture avant le plié au niveau des chevilles lorsque celles-ci ne sont pas tenues et qu'elles "versent", provoquant donc dans le plié un non alignement des trois segments. 

Les corrections 

Dans la descente : 
- Pousser les cuisses en arrière à partir de l'articulation coxo-fémorale en dirigeant les « genoux au dessus des orteils ». Présenter l'intérieur des mollets et des cuisses en avant
- Garder les talons le plus longtemps possible au sol, ne pas chercher à augmenter le degré d'en dehors des pieds en avançant les talons dans le demi-plié
- Ne pas forcer l'élévation des talons (relatif à l'espace nécessaire pour arriver au plus profond du plié) 
- Ne pas s'asseoir au plus profond du plié : tout relâchement produit une décharge de force dans les genoux et leur demande un effort considérable pour remonter 
→ Ces trois dernières informations sont valables pour les grands pliés seulement. 

Dans la remontée:
- Insister sur la présentation de l'intérieur des mollets et des cuisses en avant et poser les talons le plus vite possible sans rien relâcher du placement et de l'étirement 
- Plier et tendre sur une même trajectoire : On remonte comme on est descendu 
- L'avancée des talons et de l'intérieur des cuisses déclenche automatiquement des contractions permettant un travail stable et en dehors de la cuisse, donc du genou.
- Il faut être vigilant car en début de flexion, une légère rotation interne se produit naturellement au niveau des genoux. Pour neutraliser cette action, il faudra pousser ses cuisses en dehors par la contraction des biceps crural et fascia-lata.